41% de réduction de l’intensité carbone de l’agence Badsender entre 2021 et 2022. C’est bien plus que les 20% visés. Et en 2023 ? Comment continuer à faire diminuer cette intensité ? Nous vous partageons toutes les conclusions tirées de notre bilan carbone 2022.
C’est notre seconde année ! Et forcément, avoir un point de référence, ça change tout. Ça change tout, parce que ça nous permet de comparer. De comprendre quelles sont les actions qui ont porté leurs fruits, celles qui n’ont pas fonctionné. La méthodologie n’ayant pas radicalement changé, si vous désirez avoir un peu de contexte sur les bilans carbone réalisés par sami.eco, n’hésitez pas à aller lire le début de l’article concernant le bilan carbone 2021 de Badsender.
Que veut dire kgCO2e ou tCO2e ?
Un peu partout dans cet article, vous allez croiser des tCO2e ou des kgCO2e. Dans un bilan carbone, les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont principalement exprimées en “masse d’équivalent dioxyde de carbone”. Cela permet d’intégrer d’autres gaz à effet de serre (le méthane par exemple) dans le bilan, mais de les rapporter à leur équivalent en dioxyde de carbone (CO2) afin de simplifier la lecture. 2 tCO2e veut donc dire “des émissions de gaz à effet de serre équivalentes à deux tonnes de dioxyde de carbone”.
39% de baisse de nos émissions carbone
En 2021, notre empreinte carbone absolue était de 42 tonnes CO2e. En 2022 nous avons réduit cette empreinte à 25 tonnes CO2e, c’est à dire une réduction de 39% de nos émissions absolues.
Un point d’attention avant de commencer l’exposé, il y a eu un changement côté Sami sur le groupement des catégories “Achats de services” et “Numérique”. De nombreux postes sont passés du premier au second. Ce qui rend certains points de comparaisons plus compliqués (c’est pas la mort non plus !). Donc cette année, pour comparer, nous avons groupé ces catégories.
Comme en 2021, ce sont les achats de services et le numérique qui rassemblent la plus grosse part des émissions carbone de Badsender. Si nous les mettons ensemble, ces deux catégories représentent plus de 74% de nos émissions. Viennent ensuite les émissions liées à la restauration et à l’hébergement, puis le télétravail.
Voici la répartition de nos émissions carbone par postes :
- Numérique : 62,5%
- Restauration et hébergement : 17, 9%
- Achats de services : 11,9%
- Télétravail : 4,7%
- Achats de petites fournitures : 1,4%
- Déplacements : 1,4%
- Équipements : 0,3%
41% de réduction de notre intensité carbone économique
Qu’est-ce que l’intensité carbone
L’intensité carbone économique (ou intensité économique) est une mesure de l’impact environnemental d’une entreprise ou d’une activité économique. Elle représente la quantité de gaz à effet de serre émise par unité de production économique, généralement exprimée en kg de CO2e par euro de chiffre d’affaires. Plus l’intensité carbone est élevée, plus l’impact environnemental est important.
En 2021, notre intensité économique était de 55 kg de CO2e pour 1000 euros de chiffre d’affaires, en 2022 nous avons réduit cette intensité à 33 kg de CO2e, cela veut dire une réduction de 41% de l’intensité carbone.
La raison pour laquelle la baisse des émissions carbone absolue et la baisse de l’intensité ne sont pas similaires, c’est simplement parce que nous n’avons pas réalisé exactement le même chiffre d’affaires en 2021 et en 2022. C’est d’ailleurs précisément l’intérêt de distinguer ces deux indicateurs. Cela permet de garder un point de comparaison fiable, même en cas de croissance ou de décroissance d’une entreprise.
Quels sont les postes sur lesquels la baisse est importante ?
La baisse la plus spectaculaire, le transport
Suite au bilan carbone 2021, nous avons décidé de prendre deux mesures simples et très efficaces sur le transport et les déplacements des collaborateurs : interdire l’usage de l’avion (sauf exception, ce qui n’est pas arrivé en 2022) et interdire les déplacements clients dans le cas où la durée du déplacement est supérieure à deux heures pour moins d’une demi-journée d’intervention.
Le poste déplacement est donc passé de 2 tonnes CO2e à 0,3 tCO2e. Efficace !
Il est toujours intéressant de voir que le ratio kilomètre parcouru/émission est très différent entre les modes de transport (et encore, il n’y a plus d’avion en 2022) :
La réduction la plus importante, les achats de services (numériques ou non)
Comme expliqué plus haut, il y a eu du changement dans la catégorisation des achats de service et de services numériques. Du coup, pour cet exposé, nous allons fusionner les deux.
En 2021, ces deux catégories représentaient ensemble 31 tonnes de CO2e. En 2022, nous sommes passé à 18,8 tCO2e, soit une réduction de plus de 12 tonnes… près de 50% de nos réductions absolues sur un an.
Cette réduction majeure s’explique par trois actions principales :
- La plus importante est le recrutement de salariés qui était précédemment comptabilisé dans les prestataires de services puisqu’ils étaient freelances (sans pour autant augmenter les émissions absolues des postes télétravail et restauration au travail, voir plus loin avec l’intensité collaborateur)
- La réduction du recours à un de nos prestataires de développement informatique.
- Un travail systématique de prise de contact auprès de nos prestataires afin de leur demander leur intensité carbone. Le chiffrage de SAMI se basant sur la moyenne du marché, demander l’intensité carbone de nos sous-traitants permet de constater s’ils sont ou non sous cette moyenne. Cette démarche nous a aussi permis de voir quels étaient nos prestataires impliqués dans une trajectoire de transition écologique… et ceux qui ne le sont pas du tout.
Nous voyons clairement que la politique d’achat a un impact important sur les efforts d’émissions d’une entreprise. Pour caricaturer (mais pas tant que ça), nous pourrions dire que l’externalisation de ressources humaines a un impact négatif sur le climat. Quand nous disons que la responsabilité doit à la fois être sociale ET environnementale, ce n’est pas pour rien.
Les émissions liées aux collaborateurs
Cette partie a une saveur particulière pour nous ! En étant une entreprise intégralement en télétravail, l’un des postes principaux d’émissions de la part des collaborateurs n’existe presque pas : le trajet domicile-travail. Du coup, comment faire pour réduire ce poste ?
Avant de répondre à la question, regardons d’abord de quoi est composé cette fameuse intensité collaborateur.
Nous y retrouvons :
Besoin d'aide ?
Lire du contenu ne fait pas tout. Le mieux, c’est d’en parler avec nous.
- La restauration : y compris les déjeuners pris à la maison pendant le temps de travail
- L’hébergement : dans notre cas des nuits d’hôtel et notre team building
- Le télétravail : principalement la consommation énergétique du domicile des collaborateurs
- Les déplacements : les déplacements pour aller voir des clients, pour se rendre en teambuilding…
Il est important de noter que l’intensité carbone collaborateur intègre les salariés et les freelances. La collecte de données nécessaire à réaliser ce calcul est à la fois faite sur base de données économiques (nos factures fournisseurs) mais aussi sur base de formulaires qui ont été soumis aux salariés et aux freelances.
Entre 2021 et 2022, nous sommes passés de 1,7 tCO2e à 1,2 tCO2e au niveau de notre intensité carbone par collaborateur.
Dans les variations, il y a deux grandes diminutions : les déplacements (au revoir l’avion) et la restauration/hébergement.
Ce qui est intéressant, c’est que l’internalisation des compétences a permis de diminuer l’empreinte sur les achats de services sans faire augmenter l’empreinte globale des collaborateurs.
Enfin, si vous vous posez la question, au global, le poste restauration et hébergement représente 5 tCO2e, dans lesquels la restauration est responsable de 65,9% des émissions et les boissons et snacks 25%.
Sur quels postes pouvons nous encore faire mieux ?
Les plus gros évidemment 😉 C’est tout l’intérêt de cet exercice : avoir en tête les ordres de grandeur afin de pouvoir nous focaliser sur les postes qui auront un impact important.
Voici donc le top 5 des postes d’émission qui restent les plus importants en 2022 :
- Externalisation de développement informatique : 5,7 tCO2e
- Restauration à domicile : 3,25 tCO2e
- Solution de monitoring délivrabilité : 1,9 tCO2e
- Solution d’automatisation marketing : 1,5 tCO2e
- Hébergement de l’email builder LePatron : environ 1 tCO2e
Pour l’anecdote, nous avons estimé les émissions générées par l’envoi de notre newsletter et autres invitations à nos lives. Résultat : 5,33 kg CO2e. Pas de quoi s’exciter. Il est bien plus efficace d’accompagner les équipes CRM dans la transition écologique afin d’agir à une échelle plus grande.
Avons-nous atteint nos objectifs de 2022 ?
Après avoir atteint une intensité carbone de 55 grammes de CO2e par euro en 2021, notre objectif était une réduction d’au moins 20% en 2022, soit arriver à 48 grammes. Dans la mesure où nous avons finalement une intensité carbone de 33 grammes, l’objectif de baisse est “pulvérisé” ! Et ça, ça nous met totalement en joie !!!
Regardons maintenant les objectifs que nous avions défini pour 2022 et ce qui a été atteint :
- Demander les bilans carbone de nos partenaires : ATTEINT ! Oui, nous avons demandé, non, nous n’avons pas toujours eu de réponse. Mais au moins, cela nous a permis de valider qui était impliqué dans une démarche de transition et qui ne l’était pas.
- Privilégier l’internalisation des compétences : ATTEINT ! Même si nous pourrions clairement faire mieux sur ce sujet, c’est une démarche qui avance et qui va continuer à avancer.
- Migrer nos infrastructures d’hébergement : BOF ! Pour être honnête, ça n’a pas beaucoup bougé en 2022. Nous allons migrer notre plateforme d’automatisation marketing (pour les usages internes de Badsender). Mais l’infrastructure du Patron n’est pas à l’ordre du jour pour cette année. Peut-être en 2024.
- Zéro déplacement en avion : ATTEINT ! Il n’y a eu aucun déplacement pro en avion en 2022. Nous allons continuer sur cette voie.
- Minimisation des déplacements : ATTEINT ! Avec d’ailleurs une très bonne acceptation des enjeux de la part de nos clients sur ce sujet.
- Promotion d’une alimentation moins carnée : A POURSUIVRE ! Nous avons sensibilisé, et ça a porté ses fruits puisque les repas végétariens sont passés de 29% en 2021 à 43% en 2022. Pour y arriver nous… en avons discuté suite au premier bilan carbone, et nous avons mis en place un livre de recette végétarien dans notre base de connaissance interne.
- Présentation des ambitions carbone dans nos présentations commerciales : A POURSUIVRE ! Nous avons en effet mis en place une partie “engagements” dans nos présentations commerciales, mais de nouvelles réflexions devraient aboutir prochainement. Je ne vous en dit pas plus, ça fera l’objet d’un article dédié.
- Achat de matériel reconditionné : ATTEINT ! Peu de renouvellement matériel en 2022. Le seul ordinateur portable acheté était en effet reconditionné.
- Organisation d’une fresque du numérique : RATÉ ! Celui-là, nous ne l’avons pas fait !
- Ajout de l’empreinte carbone sur nos factures : ATTEINT ! Très peu de retours sur ce sujet de la part de nos clients, mais depuis un an il y a en effet l’empreinte carbone de nos prestations sur tous nos devis et nos factures. Ce calcul est basé sur l’intensité carbone économique (et nous espérons que Sellsy, notre plateforme de facturation, pourra prochainement intégrer nativement une fonctionnalité de ce type 😉 ).
- Création du podcast Sobriété et Marketing : En octobre 2022, nous avons lancé un podcast afin de réfléchir sur la responsabilité du marketing vis à vis de l’urgence climatique. Ce point n’était pas vraiment prévu lors de la restitution de notre bilan 2021. Mais il s’est imposé comme un bon moyen de réflexion pour faire évoluer nos prestations. Au moment d’écrire ces lignes, nous avons interviewé 10 responsables marketing d’entreprises à impact positif.
- Mise en place de prestations liées à l’eco-conception emailing : A POURSUIVRE ! En 2022 nous avons en effet avancé sur la systématisation de l’éco-conception des emails livrés à nos clients, nous avons publié un guide… mais pour le moment les clients ne viennent pas encore spécifiquement sur ces questions. Un travail de sensibilisation est donc à poursuivre.
Nos objectifs pour 2023
Bon, et maintenant, qu’est-ce que nous faisons pour continuer à avancer dans le bonne direction ?
- Continuer sur notre lancée : Ce n’est pas parce que nous démarrons une nouvelle année qu’il faut oublier les bonnes résolutions de l’année précédente. Nous gardons donc le cap mais ajoutons plusieurs outils et objectifs pour aller encore plus loin.
- Ajout de notre raison d’être dans nos statuts : En juin, nous ajouterons la raison d’être de Badsender dans les statuts de l’entreprise. C’est une réflexion que nous avons initiée fin 2022 et qui nous permettra de guider nos prises de décisions concernant l’urgence climatique (mais pas seulement). Nous vous ferons prochainement un article dédié à cette démarche.
- Changement de prestataire de développement informatique : C’est un poste important et malheureusement notre partenaire ne semble pas avoir envie de nous éclairer sur son positionnement à ce niveau. Nous allons donc progressivement internaliser ces tâches.
- Continuer à salarier nos freelances : En tout cas ceux qui le désirent et qui ont une masse d’activité suffisante avec Badsender.
- Continuer l’effort de transformation de nos services : Après la systématisation de l’éco-conception dans notre production, nous avons récemment intégré une mission de calcul de l’empreinte carbone emailing dans notre offre (voir le cas client Mediapart). D’autres modifications de notre offre sont en cours pour intégrer la dimension écologique. Cette dimension ne concerne d’ailleurs pas uniquement les émissions directes (comme dans le cas de l’éco-conception), mais aussi le discours relayé dans les emails, la prochaine prestation qui évoluera sera celle liée à la rédaction des emailings.
- Réalisation de l’atelier 2tonnes avec l’ensemble des collaborateurs : Après la fresque du climat réalisée en 2021, cet atelier permettra à chaque collaborateur de Badsender d’imaginer le monde que nous allons devoir forger afin de répondre aux défis climatiques. C’est un atelier qui pourra être utilisé dans la vie privée des collaborateurs, mais qui pourra nous servir aussi à éduquer nos clients et à proposer des stratégies marketing compatibles avec l’urgence écologique.
- Audit B-corp et mise à jour Ecovadis : Afin d’identifier nos axes d’amélioration sur les questions écologiques mais aussi sociales, nous sommes en train d’approfondir nos audit Ecovadis (création de chartes, création d’indicateurs, …) en vue de réaliser un premier audit B-corp afin de voir où nous nous situons par rapport à leur certification.
- Ébauche de stratégie de prise en compte de l’ombre climatique : Avec deux ans de bilan carbone sur les scopes 1, 2 et 3, nous avons maintenant une très bonne vision des émissions de notre activité. Mais quel est l’impact indirect de notre activité sur l’émergence ou non d’un modèle de société bas carbone ? Sur 2023, nous n’aurons probablement pas le temps d’aller très loin. Mais initier un travail d’inventaire serait sans doute déjà un bon début.
- Évolution de notre clientèle : C’est une partie du travail sur l’ombre climatique que nous avons déjà ébauchée à l’occasion de notre réflexion sur notre raison d’être. Nous reviendrons vers vous d’ici quelques mois sur ce sujet afin de vous présenter notre stratégie et nos objectifs.
- Limiter notre croissance économique : C’est une discussion qui demande encore d’être formalisée en interne, mais nous avons un vrai objectif de stabilisation afin de pouvoir sereinement réfléchir à nos actes et à notre projet plutôt que de courir après la croissance.
Pour 2023, nous fixons notre ambition de réduction de notre intensité carbone économique à 15%. C’est de nouveau très ambitieux, de nouveau supérieur aux objectifs SBT qui sont à 7% sur l’intensité économique. Rendez-vous dans un an.
Rien n’y a été caché, nous avons seulement anonymisé le nom de nos sous-traitants et supprimé les 3 graphiques nominatifs.
Pouvons-nous continuer à réduire notre intensité carbone indéfiniment ?
Pour conclure cet article, une toute petite réflexion sur notre trajectoire. En réduisant de 41% notre intensité carbone sur un an, nous avons réalisé un bond important. Sur 2023, nous n’arriverons certainement pas à atteindre une baisse similaire, mais il reste pas mal d’axes d’optimisation. Il nous semble pourtant évident que l’on ne pourra pas continuer sur des baisses de plus de 10% chaque année.
Nous pourrions croire qu’à un moment donné nous allons atteindre un seuil. Un plafond de verre des émissions carbone. C’est probablement vrai si la société autour de nous n’évolue pas dans la même direction. Parce que dans le fond, en y réfléchissant bien, si l’ensemble de nos fournisseurs avancent dans cette direction, si l’offre de transport en commun se développe, si les circuits courts deviennent la règle… alors nous pourrions continuer à baisser nos émissions de manière encore plus radicale.
Clairement, nous rêvons de cette situation. C’est d’ailleurs pour cela que nous vous partageons le détail de nos actions : pour inspirer, pour être copiés, pour faire avancer les bonnes pratiques, pour montrer que c’est possible.
Donc, si vous voulez nous aider à continuer à faire baisser nos émissions de GES, prenez à votre tour les choses en main. Agissez, et n’hésitez pas à marcher contre le vent.
Nous serons heureux de vous partager notre expérience et de répondre à vos questions. N’hésitez pas à nous contacter.
Et pour terminer, un énorme merci à toute l’équipe de Badsender pour son implication !