Créer une newsletter et découvrir qu’elle est tronquée par Gmail peut être frustrant pour le créateur de la campagne. Si le fichier HTML d’un emailing dépasse 102 Ko, Gmail coupe automatiquement son contenu, obligeant le destinataire à cliquer sur « [Message tronqué] Afficher l’intégralité du message » pour voir le message complet. Mais quelles sont les répercussions d’un email tronqué ? Que faire ? Est-ce vraiment si problématique ?
Note :
- La limite de 102 Ko dans Gmail ne concerne que le fichier HTML de l’email. Le poids des images n’est pas pris en compte.
- Gmail limite aussi le poids de la balise <style> à 16ko.
- Un email peut aussi être tronqué à cause de la hauteur (voir juste en dessous).
Quelles messageries tronquent les emails ?
- Gmail est sans doute le service de messagerie le plus strict sur ce point, avec une limite de 102 Ko pour afficher un email dans son intégralité.
- D’autres services, comme Orange, semblent également tronquer les emails, mais avec une limite un peu plus élevée, autour de 120 ou 130 Ko, bien que cela ne soit pas toujours clair.
- L’application Outlook sur iOS coupe les emails de plus de 5 000 px de haut.
Dans tous les cas, si vous devez garder une référence en tête, retenez celle de Gmail, soit 102 Ko.
Quelles sont les conséquences d’un email tronqué ?
Au-delà de l’aspect frustrant pour le chargé de campagnes, l’email tronqué peut avoir des impacts plus ou moins significatifs sur la performance de votre campagne et sur la conformité légale de vos emails.
Pixel de tracking d’ouverture non chargé
Le pixel de tracking d’ouverture est généralement placé en bas du code HTML de l’email par les outils de routage. Si le message est tronqué, le pixel risque de ne pas être chargé, ce qui fausse les données sur le taux d’ouverture. Même si avec l’arrivée de l’Apple Mail Privacy Protection pour les emails, ces statistiques sont déjà en partie biaisées, cela reste un problème. Si vous constatez un taux d’ouverture en baisse et que vos templates HTML emails sont lourds, ça peut être une piste à creuser.
Lien de désabonnement invisible
Le lien de désabonnement se trouve dans le footer des emails. Si votre email est tronqué, le lien de désabonnement sera invisible. Si ce lien n’est pas présent, l’email n’est plus conforme aux obligations légales imposées par le RGPD ou le CAN-SPAM aux États-Unis. Cela peut exposer votre entreprise à des risques juridiques. Même si, à ma connaissance, nous n’avons encore jamais vu une entreprise se faire épingler pour ça.
Par contre, un abonné qui ne trouve pas ce lien pourrait déclarer plus facilement l’email comme spam, ce qui nuirait à votre réputation d’expéditeur. Pour éviter cela, il est conseillé de placer le lien de désabonnement dans le header de l’email, où il sera toujours visible.
Clic supplémentaire pour voir l’intégralité du message
Nous ne pouvons pas savoir si les internautes cliquent ou pas sur « Afficher l’intégralité du message » quand l’email est tronqué. Si vous n’avez pas la possibilité de réduire le fichier HTML à moins de 102 Ko (si vous utilisez un email builder, vous n’avez pas la main sur le code), vous pouvez par contre travailler sur la hiérarchisation des informations. Posez-vous les bonnes questions et placez les messages essentiels et les boutons sur lesquels vous souhaitez que vos abonnés cliquent plutôt dans la partie haute de l’email.
Comment minimiser le poids de votre fichier HTML en dessous de 102 Ko ?
Pour éviter que vos emails soient tronqués, vous devez optimiser le poids du fichier HTML. Plusieurs éléments, comme le code HTML, les feuilles de style, les liens et les codes de suivi, peuvent rapidement augmenter la taille de votre email.
Voici quelques astuces pour rester en dessous de la limite des 102 Ko :
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Supprimer les codes inutiles de votre fichier HTML
Vous codez vos emails à la main ou travaillez avec une agence/freelance ?
L’un des points les plus fréquents lors des audits de code HTML est la présence de lignes de code inutiles comme :
- Des marges créées avec des cellules et lignes de tableaux vides au lieu d’utiliser des propriétés CSS adéquates (margin, padding)
- L’ajout de propriétés CSS inutiles sur certains builders email (text-wrap par exemple, ou border-collapse)
- Des tableaux imbriqués non nécessaires
- Écrire les CSS en raccourci plutôt qu’en écriture complète. Exemple:
padding: 40px;au lieu depadding-top: 40px; padding-bottom: 40px; padding-left: 40px; padding-right: 40px; - Utiliser une tabulation au lieu de 2 espaces pour indenter le code
- etc.
Vous utilisez un email builder ?
Si vous passez par un éditeur d’emails, vos possibilités d’optimisation seront plus limitées. En général, ces outils ajoutent du code HTML et CSS supplémentaires pour assurer la compatibilité avec divers clients de messagerie, ce qui augmente la taille du fichier HTML. Vous pouvez néanmoins bien choisir votre email builder en amont et réduire la quantité de texte et limiter les liens pour alléger votre email.
Jouer sur la rédaction
Si vous avez tendance à être trop verbeux (comme moi), essayer vraiment de réduire le texte de vos emails et aller davantage droit au but. Mes très chers collègues designers (coucou Pierre !, coucou Thomas !) trouvent souvent que mes textes de newsletters sont longs, que j’en dis trop. Et ils ont raison.
Supprimer les images inutiles
Même si le poids des images n’est pas pris en compte dans la limite de 102 Ko, supprimer celles qui ne sont pas nécessaires allégera tout de même le code HTML qui les accompagne ! Moins de liens et de balises pour des images signifie un fichier HTML plus léger.
Supprimer les liens inutiles
Certains expéditeurs mettent plusieurs fois le même lien dans leur créa : derrière un titre, un bouton (normal), une image. Laissez le lien derrière le bouton, et supprimez-le derrière les autres éléments.
Note : Envoyez toujours un email test (BAT) depuis votre plateforme de routage plutôt que votre email builder pour avoir un aperçu fidèle du poids de votre email avant envoi. Les outils rajoutent des liens de tracking qui pèsent sur le poids final.
Faut-il minimiser le poids HTML à tout prix ?
La réponse n’est pas un « oui » catégorique. Bien sûr, il faut garder à l’esprit les limitations imposées par Gmail. Mais, cela ne signifie pas que vous devez sacrifier totalement votre créativité ou le contenu de votre message. Dans le cadre d’une infolettre, si vous disposez de contenus à forte valeur ajoutée pour vos contacts, il serait dommage de les supprimer ou d’augmenter la pression commerciale. L’idéal est de placer les éléments les plus intéressants en tête et de reléguer ceux de moindre importance vers la fin de votre email. Par exemple, dans le cas de la newsletter Badsender, je considère que si nos lecteurs ne consultent pas la section Agenda, ce n’est pas dramatique.
Conclusion
En réalité, il faut déjà y aller pour atteindre les 102 ko. Si votre email atteint cette limite, c’est soit parce qu’il contient beaucoup de contenus (dans le cas d’une infolettre), soit parce que le code HTML est mal optimisé (ce qui arrive souvent avec les emails builders). Pour des emails « classiques » et bien structurés, rester en deçà de cette limite n’est pas une difficulté.
